Le retour de Gustav Flötberg, Gallimard, 2018
Alors qu'il est en expédition avec son ami le photographe Maxime du Camp, Gustave Flaubert s'endort un soir d’été au Caire … et se réveille en juillet 2014 dans un grand hôtel parisien. En seulement une nuit, il est devenu Gustav Flötberg, un écrivain islandais, auteur de sagas à succès…
Pense à Tolstoï, Flammarion, 1996
Il est des émotions qui vous prennent par surprise : un homme est là, son malheur couché par terre, et il ne vous est plus donné de l'ignorer. D'autres vous envahissent, qui ne vous lâchent plus : cet amour - inoubliable et impossible - pour " la femme d'à côté ", ou ce jeu des passions perdues et retrouvées dans les confidences d'une nuit d'été. Il y a celles qui vous jettent dans l'extrême : c'est l'adolescent comme les autres qu'un matin de trop rend criminel, et ces gens raisonnables, capables soudain du geste fou. La mort bien sûr, qu'accompagne ici la musique, pour l'exilé déchu qu'un air de clarinette retient au bord du précipice, cette pianiste malade et son ultime récital. Le bonheur enfin, toujours et malgré tout : bonheur fugitif au détour d'un jardin, bonheur rêvé le long d'un quai de gare, bonheur vécu dans la saveur d'exister - tout simplement. Dans ce premier recueil de nouvelles, Catherine Vigourt compose sept variations d'une grande maîtrise lyrique sur les émotions essentielles.
Une baby-sitter sort une fillette de l'autisme et crée une relation si forte avec elle qu'elles prennent la poudre d'escampette. Beaucoup d'amours se rencontrent dans ce roman sans toujours faire bon ménage dans ce drôle de monde où il faudrait peut-être aussi soigner les "grands"...
La vie de préférence, Flammarion, 1997
On connaît bien ces gens-là, ceux de vingt-cinq ans comme ceux de cinquante : l'affaire de leur vie est la même - le bonheur quoi qu'il en coûte.
Difficile pour les uns, tout feu tout flamme, d'être à la hauteur de leur jeunesse, difficile pour les autres de garder l'ardeur quand la marge d'erreur se réduit et qu'une étrange fatigue les gagne. Jean et Mathilde, Antoine et Julie, les parcours croisés de quelques-uns de leurs proches : ces existences qui s'accompagnent et se heurtent, rire et émotion mêlés, n'est-ce pas le billard universel où chacun croit tenir sa partie alors qu'il est superbement " roulé " ? Histoire de vertus, histoires de péchés : courage, espérance, charité mais aussi - au diable toute prétention moralisante - la paresse tentatrice, la sournoise envie, la glorieuse colère parmi nos démons familiers...
En un temps où le vice continue son petit bonhomme de chemin et où la vertu n'entreprend guère de grands travaux, l'imagination a encore de beaux jours devant elle.
Le paradis pour tous, Stock, 1998
Un homme et une femme que tout sépare se croisent dans une campagne bourguignonne reculée. Près d'un ancien canal, que Fabrice vient observer en vue d'une exposition, et où Louise vient pleurer son enfant, le Parisien et la provinciale se rapprochent. Cette liaison entre un homme marié et heureux et une écorchée vive évolue sournoisement. Fabrice risque gros. Quant aux deux femmes blessées, elles devront tour à tour apprendre le pardon. Catherine Vigourt sait prendre le temps de dire les états d'âme et les sentiments. Son écriture sobre et retenue, comme on retient une larme, sert magistralement cette chronique lumineuse d'une passion implacable.
La maison de l'Américain, Plon, 2000
Côté nord, Calmann-Lévy, 2004
Cet hiver, Léo n'est plus le même. Bien sûr, il aime toujours sa femme, Allison. Bien sûr, il s'inquiète toujours pour sa belle-fille, Agathe, une adolescente qu'il a élevée comme le père qu'elle n'a plus. Mais quelque chose a changé. En face de son bureau, il y a un immeuble parisien comme le sien, et sur le rebord d'une fenêtre, dans une cage, deux perroquets. Léo sait bien qu'il doit travailler, même si les scénarios pour la télé, ça vaut ce que ça vaut, mais ces pauvres bêtes, oubliées dans le froid, là-bas, elles ne tiendront pas le coup. Il ne les quitte plus des yeux, il s'interroge, il s'indigne : le voilà qui s'attache.
Il s'attache étrangement à ces vies en suspens, peut-être insignifiantes, mais révélatrices d'une indifférence plus vaste. Sans voir que son monde vacille. Sans voir qu'Allison s'éloigne et ne le comprend plus très bien. Sans voir qu'Agathe se rapproche trop, prise d'une passion sensuelle et périlleuse pour ce beau-père au nouveau visage, qui l'attire comme un homme attire une femme. Il va bien falloir porter son regard de ce côté-ci, et vite - mais comment ?
Un jeune garçon, Stock, 2010
" Un jeune garçon très beau sourit dans le soleil.
Je vois un visage de mon frère que je n'ai pas connu. Alain a dix ans ; bien que la photo soit en noir et blanc on devine la blondeur de sa mèche et le soleil dans le jardin du grand-père. Il porte un short trop large aux jambes, montant haut par-dessus un maillot à rayures, avec des bretelles. Son sourire est magnifique. Je crois qu'il l'a longtemps gardé, que c'est encore ce sourire que le vieillissement accéléré des drogues dures a le moins touché, malgré le naufrage des dents et la terrible dessiccation du visage.
Devant une telle photo, n'importe qui, pour peu qu'il connaisse la suite, se dit que ce petit garçon n'a pas eu de chance. Pour moi c'est plus compliqué. J'ai longtemps été en colère. La colère gâche la beauté des seules désolations. "